Vinci débarque en Vercors : du goudron pour des roulettes !
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C’est dans le Parc Naturel Régional du Vercors que se situe la plus vaste Réserve Naturelle terrestre de France métropolitaine. Cette réserve nationale de 17000 hectares est d’une richesse exceptionnelle sur le plan de la faune et de la flore. (1)
Villard-de-Lans et Corrençon constituent un important domaine skiable qui jouxte cette réserve. L’impact sur le paysage de cette station est fort : du haut du deuxième plus haut sommet du Vercors (La Grande Moucherolle, 2284m), le panorama est dégradé par un bassin artificiel, des remontées mécaniques, des canons à neige, de larges pistes creusées dans les roches. Toutes ces infrastructures ont fait perdre à de nombreux sentiers de randonnée leurs charmes et leurs beautés.
Un nouveau projet vient impacter la « zone tampon » située entre la Réserve Naturelle et le domaine skiable. Il s’agit de la construction de pistes goudronnées (d’une largeur pouvant atteindre 4 mètres) destinées à la pratique du ski à roulettes. (2)
Il y a de quoi s’interroger sur la pertinence d’envoyer des engins de chantier à proximité de la plus grande Réserve Naturelle de France, sur la pertinence d’abattre des arbres pour déverser du goudron dans une forêt si sauvage dans le simple intérêt de se hasarder à surfer sur la vaguelette d’un épiphénomène sportif pouvant facilement se pratiquer sur les pistes cyclables. Est-il judicieux de construire une route dans un environnement aussi fragile pour permettre à quelques skieurs à roulettes de tourner en rond ? N’y a-t-il pas dans ce projet, qui se surajoute aux infrastructures du ski de piste, un important déséquilibre entre le « bénéfice pour la société » (ponctuel et hasardeux) et « l’impact sur la nature » (irréversible et certain) ?
Il y a quelques années encore, la forêt des Hauts Plateaux du Vercors s’étendait jusqu’à Corrençon. Puis, un bout de forêt a été rasé pour faire un golf. Puis, un autre bout de forêt est rasé pour faire cinq kilomètres d’une route destinée au ski à roulettes. Petit à petit, le goudron remonte jusqu’à la Réserve Naturelle, n’est-il pas regrettable de toujours s’obstiner à réduire l’étendue du plus grand domaine sauvage de France ? Quel sera le prochain épisode ? Un garage « remontées mécaniques » de 655.000 euros à Gresse-en-Vercors ?
Devons-nous nous réjouir du fait que, dans quelques jours, grâce à l’argent des collectivités (plus d’un million d’euros !), Vinci vienne déverser du goudron (3) dans une forêt peuplée de cerfs élaphes, de gélinottes des bois, de hiboux grands ducs, de tétras lyre et de lagopèdes ! (4) Tout ce chamboulement pour une route qui ne mène nulle part ! Pour des roulettes ! N’y a-t-il pas mieux à faire de notre argent ?
Le Vercors est un diamant, nous ne devons pas le grignoter. Sa splendeur appartient aussi à nos héritiers.
(1) http://www.donnees.rhone-alpes.developpement-durable.gouv.fr/include/patnat/znieff2g/3823.pdf
(2) http://www.dauphinordique.com/actus/2013/13juin110.htm
(3) http://www.dauphinordique.com/actus/2014/14oct40.htm
(4) http://www.donnees.rhone-alpes.developpement-durable.gouv.fr/include/patnat/znieff2g/38230003.pdf