[DOSSIER] Massacre des bouquetins du Bargy : analyse exhaustive et indépendante
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Je tiens à mettre à nouveau en avant ce texte, publié le 7 janvier, car je pense que c'est le plus pertinent de mon blog. La vie animale comme variable d'ajustement est une version libre et personnelle de mon analyse de l'affaire. Vous trouverez le détail des références citées dans la dernière partie : Sources. Pour simplifier la lecture, le texte est lisible au format PDF : https://drive.google.com/file/d/0ByNzQwRyaZbMamdZVHpUVWo5ZEk/edit?usp=sharing Il est possible de lire le fichier en ligne, de l'enregistrer (cliquer sur Fichier / Télécharger) ou de l'imprimer. Si besoin, je peux vous envoyer le fichier par e-mail. Vous pouvez continuer à partager la pétition qui a déjà récolté plus de 27 000 signatures.
La vie animale comme variable d’ajustement
« L’Homme a aujourd'hui acquis un tel pouvoir sur le monde matériel que dans un avenir proche, il détruira les plus belles et les plus merveilleuses formes de vie animales et végétales, sauf celles qu'il aura conservées dans ses jardins et ses zoos. » Charles Darwin, 1871
Après avoir entendu quelques balles en bismuth se diriger vers leur cœur, j’ai retrouvé cette page égarée dans mes tiroirs :
« Dès que j’en approche, ne sachant trop pourquoi, je ne peux plus les quitter des yeux ; je suis comme envoûté par leur splendeur métaphysique. Quelle vie impeccable : ne passant pas leur temps à courir après des désirs furtifs, rien ne leur manque. Ils se posent simplement sur les crêtes. Calmes et immobiles, « trônant dans l’azur comme des sphinx incompris », ils regardent le paysage, et n’interrompent leur contemplation que pour brouter ; puis, une fois l’herbe en bouche, tout en la mâchant mollement, ils reprennent leur posture de statue fixant l’horizon, et se replongent dans le cours de leur méditation. Ils mangent peu, dépensent peu, ne se remplissent le ventre que pour admirer la beauté du monde : le sublime leur suffit.
Au cours de l’évolution, s’assurant ainsi, avec plus ou moins d’efficacité, sa perpétuation, chaque espèce a développé sa méthode pour lutter contre la prédation. Millénaire après millénaire, la tortue a perfectionné sa carapace, le lapin son terrier, le loup sa mâchoire, le caméléon son camouflage, l’homme son intelligence pragmatique, ses outils, ses armes. Le bouquetin, lui, sans se fatiguer, s’est contenté de grimper au-dessus du reste de la faune. Loin de tous les prédateurs, il a appris à monter sur les rochers, puis s’est installé sur les cimes.
Par-delà le domaine de la loi du plus fort, il n’a pas eu à développer le réflexe de fuite, de sorte qu’il ne sait qu’être doux et paisible. Rien ne le menace, rien ne l’énerve.
« Etre riche, c’est se suffire à soi-même » disait Diogène. Qui, de l’humain ou du bouquetin, est le plus fortuné ? Occasionnellement, nous nous battons pour quelque chose de grand, l’atteignons parfois, puis, vite lassés, nous nous dépêchons de passer à autre chose. Toujours pressés, jamais satisfaits. L’homme est un animal qui s’agite dans tous les sens, qui s’invente des impératifs, qui se fait du souci pour un oui, pour un non… Il s’énerve, s’énerve, détruit, hurle, tue pour des bêtises, toujours plus de bêtises.
Une fois, face à des bouquetins, quelqu’un m’a dit : « Ce qu’ils ont le regard vide, ces bestiaux ! » Quelle inattention ! Oui, dans leur regard, il n’y a pas toutes ces futilités qui nous hantent, nous autres êtres humains ; cependant, je n’appelle pas cela avoir le regard vide, mais, au contraire, avoir le regard plein de sagesse. Si tout le monde vivait comme les bouquetins, il n’y aurait jamais eu la moindre guerre, pas de rideau de fer, pas d’arme nucléaire… On serait tous peinards à mâchouiller de l’herbe en contemplant de lointains horizons. Irréductible à un simple bestiau, le bouquetin est un animal sacré qui porte en lui une paix perpétuelle.
Plus tard, je veux être bouquetin. »
Voilà, ce qu’à mes yeux les bouquetins représentent. Voilà, ce qu’à mes yeux l’Etat détruit.
Emblématique et protégé ?
Représenté dans les grottes de Lascaux, le Bouquetin des Alpes, Capra ibex, est un mammifère ancestral qui fascine les hommes depuis des millénaires. Durant l’époque préhistorique, cet animal de la roche était présent partout en France, à l’exception du bassin parisien. (G2, p°5) Après l’invention de l’arbalète, puis de l’arme à feu, le Bouquetin a complètement été éradiqué du territoire français, et a failli disparaître de la surface de la Terre au XIXème siècle.
Suite à la décision, en 1856, du Roi d’Italie Victor-Emmanuel II de protéger les derniers individus de la vallée d’Aoste, le Bouquetin des Alpes a échappé à l’extinction, et a pu être réintroduit dans quelques massifs. Aujourd’hui, on compterait, en France, une trentaine de populations pour environ 9 000 individus. L’arrêté ministériel du 17 avril 1981 interdit la chasse « en tout temps » de ce paisible et bel animal devenu emblématique des montagnes. (D1) À l’échelle européenne, les bouquetins sont protégés par la Convention de Berne. (D2)
Aujourd’hui encore, le sauvetage du Bouquetin repose bien souvent sur des pratiques « d’apprentis sorcier » qui pèsent parfois lourdement sur les efforts de réintroduction. (G2, p°5) De son côté, le Bouquetin des Pyrénées, Capra pyrenaica pyrenaica, n’a pas résisté à la pression humaine. (G2, p°5)
L’Histoire démontre que face à l’Homme, les bouquetins sont très fragiles ; leur statut de protection est amplement justifié.
Malgré cette protection, en Haute-Savoie, dans le massif du Bargy, l’Etat a récemment ordonné l’éradication de tous les bouquetins âgés de cinq ans et plus. (P1) Les 1 et 2 octobre 2013, sur les 290 à 520 bouquetins du massif, 197 bouquetins ont été abattus. Pour masquer aux yeux de la société civile le massacre de ces animaux protégés, un arrêté préfectoral a interdit l’accès et le survol de la zone durant plusieurs jours en usant de moyens quasi militaires. Cent-dix gendarmes, disposés sur les routes et chemins, ont ainsi bouclé le périmètre. De nombreuses carcasses ont été évacuées par hélicoptères, et les bouquetins suspendus dans le vide ont défilé au-dessus des têtes des habitants du secteur. (P2)
Par la suite, des opérations de moindre envergure ont été menées par de petits groupes de tireurs. Le 24 octobre, un randonneur a observé aux jumelles l’insupportable massacre de 27 bouquetins. (B1) Cette décision d’abattage aura de lourdes conséquences au niveau local, notamment car le tourisme est le premier moteur économique du Bargy. (A1, p°15) Le Bouquetin est un animal emblématique facile à observer, son attractivité touristique est forte, et ces massacres marqueront les mémoires.
La peur d’un mot, les droits qu’elle procure
Cette décision d’abattage est consécutive à la découverte, en avril 2012, d’une souche de Brucella, bactérie responsable de la brucellose, dans le lait d’une vache. Pour comprendre l’origine de la maladie, des investigations ont été conduites, et ont permis de détecter la brucellose chez des bouquetins. L’Agence Nationale de Sécurité Sanitaire de l’Alimentation, de l’Environnement et du Travail (ANSES) émet l’hypothèse que les bouquetins aient pu jouer le rôle de réservoir et assurer un relais silencieux entre le dernier foyer domestique de brucellose du secteur, datant de 1999, et le foyer de 2012. (A1, p°1)
« Chez les animaux, la maladie est généralement bénigne et l’animal infecté ne présente que peu de signes. Elle donne lieu cependant à des avortements ou à un échec de la reproduction. Généralement, les animaux guérissent et réussiront à donner naissance à une descendance vivante après un premier avortement. » (S10)
Dans les étables, la brucellose peut accidentellement se transmettre à des professionnels en contact étroit avec le bétail, lors d’un avortement en particulier. En dehors de ce cadre, l’humain peut s’infecter par le biais d’aliments au lait cru. En 2012, suite au partage lors d’un même repas d’un produit laitier non pasteurisé, deux personnes ont ainsi été atteintes de brucellose. Cette maladie à déclaration obligatoire, devenue très rare, peut être soignée chez l’homme. La brucellose peut s’exprimer de multiples manières : elle peut être asymptomatique ou peut se traduire par des épisodes de fièvre disparaissant progressivement ; elle peut aussi se compliquer et laisser des séquelles. « Non traitée, la brucellose [chez l’Homme] peut devenir chronique et être responsable d’une atteinte invalidante des articulations en particulier. » (S8) Dans environ 68% des cas symptomatiques, il n’y aurait pas de complication. Le cas échéant, c’est, en général, une articulation qui est touchée, et très rarement des organes vitaux. (S9, p°18) « Le traitement se fait par des antibiotiques et, dans la plupart des cas, les symptômes disparaissent après quelques semaines. » (S6) Lorsque la brucellose n’est pas traitée, son taux de létalité est inférieur à 5%. La transmission interhumaine est quasi inexistante. (S1)(S2)(S7)
En somme, si la brucellose est une maladie sérieuse qui peut se compliquer et qu’il faut combattre, elle est néanmoins rarement mortelle ; et dans la majorité des cas, les antibiotiques sont efficaces et préviennent les complications. En guise de comparaison, d’autres maladies peuvent être transmises à l’homme par des animaux (zoonoses), notamment la toxoplasmose congénitale (par le chat), des septicémies consécutives à des morsures (par le chien), des infections aux staphylocoques dorés résistants aux antibiotiques (par le bétail), la grippe aviaire (par les oiseaux), la maladie de Lyme transmise par des tiques portées par de nombreux animaux, etc. On notera, d’une part, que ces maladies ne sont pas à l’origine de campagnes d’abattages massifs d’animaux, d’autre part, que si la rage a aujourd’hui disparu du territoire français, c’est grâce à la vaccination, et non pas suite à l’éradication des chiens et des renards.
Diable ou bouquetin ?
Les experts de l’ANSES estiment que le risque de transmission de la maladie du bouquetin aux troupeaux domestiques est extrêmement faible. (A1, p°2 et 15) L’absence d’infection parmi tous les troupeaux de ruminants domestiques éventuellement exposés a été démontrée en automne 2012. Sur 12 118 animaux testés, aucun ne s’est révélé positif. (A1, p°2)
Pour les experts, les bouquetins se contamineraient essentiellement par voie sexuelle (A1, p°2) ; et le risque de transmission aux vaches et aux moutons est extrêmement faible, voire inférieur. (A1, p°2) Ainsi, entre 1999 et 2013, le seul cas observé de transmission à une vache semble « indirect », « accidentel » et « exceptionnel ». (A1, p°2, 5 et 13) Cette transmission est d’ailleurs survenue dans un troupeau, gardé en parc clôturé, qui est toujours resté à l’écart des zones de passage et d’habitat des bouquetins. (A1, p°13) Il faut insister sur le fait que les bouquetins, animaux de la roche, ne sont généralement pas en contact avec les bovins. (A1, p°14) Toutefois, même si par accident, une interaction se produisait à nouveau, la contamination d'une espèce à l'autre s’effectue vraisemblablement par le rarissime biais de l’ingestion d’aliments souillés par des produits d'avortement. Or, pour avorter, les bouquetins auraient tendance à s’isoler dans des zones rocheuses peu accessibles aux autres animaux. (A2, p°7 et 8) Pour l’ANSES, la survie de la bactérie dans l’environnement « est sans doute assez courte dans un milieu montagnard ouvert et en général très ensoleillé » (A2, p°8), milieu radicalement différent d’une étable.
L’ANSES estime que le risque de transmission de la maladie aux espèces sauvages est également extrêmement faible. (A1, p°8 et 15) Ainsi, lors du plan de chasse 2012-2013, des prélèvements sanguins ont été effectués sur 44 chevreuils, 30 cerfs et 55 chamois. Sur les 129 animaux, un seul était positif : un chamois. (A1, p°8) Il est vrai que les chamois et les bouquetins peuvent fréquenter les mêmes zones. Toutefois, la transmission bouquetin – chamois semble exceptionnelle ; et les experts estiment qu’un chamois contaminé est peu contaminant. « Pour le chamois, (…) les cas rapportés d’infection par Brucella melitensis sont rares (…) et cette espèce est décrite comme transmettant peu la maladie du fait de sa grande sensibilité : l’individu atteint présente rapidement une atteinte clinique grave [difficultés locomotrices, troubles neurologiques, lésions des organes reproducteurs, etc.], ce qui contribue sans doute à un faible niveau potentiel de transmission, tant au sein de l’espèce qu’aux autres espèces sensibles. » (A1, p°8) Cette donnée est confortée par le fait que la prévalence (c’est-à-dire le pourcentage d’animaux contaminés) avoisinerait les 2% chez les chamois ; et ce, après plus de 14 ans de contamination chez les bouquetins. (A1, p°8)
Les experts concluent que « le bouquetin est, à ce jour, la seule espèce sauvage présente sur le Massif du Bargy identifiée comme réservoir primaire de la maladie ». Le risque d’extension de la maladie aux autres espèces est minime. (A1, p°8)
Les humains se contaminent principalement par le biais de lait non pasteurisé ; et pour qu’un humain soit contaminé, il faut d’abord que la barrière de transmission du bouquetin à un animal domestique soit franchie ; ce qui constitue une très faible probabilité. (A1, p°29) Sachant désormais que des bouquetins sont infectés, le risque de contact vache – bouquetin devient encore plus faible du fait de la mise en place de règles de vigilance relatives aux positionnements des troupeaux de vaches. (A2) Si jamais le réel défiait les statistiques et qu’une vache se contaminait, il y aurait 40 à 80% de chances qu’elle n’excrète pas la bactérie dans son lait, et qu’elle ne soit donc pas « contaminante ». (A3, p°3 et 9) Des contrôles sanitaires sont à présent effectués sur le lait ; ce qui réduit considérablement le risque de transmission vache – humain. (A2) De plus, la bactérie est inactivée par la pasteurisation (c’est-à-dire par une chauffe du lait à 70°C durant quelques secondes), et semble être inactivée par le processus d’affinage du fromage, et ce quelle que soit sa durée (probablement du fait de l’acidification lactique). (C1)(A3, p°12)(W2, p°3)
Considérant l’ensemble de ces éléments, l’ANSES a estimé que le risque représenté par les bouquetins pour la santé humaine est minime, et n’a pas confirmé l’urgence à agir. (A1, p°29 et 33) Toutefois, en contradiction avec l’avis des experts, le Préfet de la Haute-Savoie a estimé qu’il était urgent d’agir, d’abattre plus de 220 bouquetins avant le 1er novembre 2013, et de poursuivre les tirs durant l’hiver. (C1)(A1)(P1)(P2)(B1) La mesure est totalement disproportionnée.
Bientôt un crash boursier ?
Le Préfet de la Haute-Savoie a avancé l’argument que les bouquetins du Bargy faisaient courir un grand risque économique à la France : celui de perdre le statut « officiellement indemne de brucellose » (P1) ; statut qui permet au pays d'avoir moins de contraintes sur le plan du libre échange.
Toutefois, si la France est détentrice du « statut indemne de brucellose bovine », elle ne dispose pas du « statut indemne de brucellose chez les petits ruminants ». Les cas détectés chez les bouquetins n’ont donc aucune incidence sur le libre échange. De surcroît, le risque de transmission aux bovins est « extrêmement faible » (A1, p°2 et 15) ; le cas échéant, un pays ne perd pas son statut « indemne de brucellose » dès qu'un cas de brucellose bovin apparaît. Ainsi, grâce aux mesures de surveillance mises en place, la Belgique n’a pas perdu son statut « indemne de brucellose », alors que depuis mars 2012, six foyers bovins de brucellose (impliquant deux souches de bactéries) ont été découverts chez notre voisin. (S3) Ensuite, comme l’illustrent les situations italienne, espagnole ou portugaise, la perte du statut « indemne de brucellose » d’une région ne remet pas en cause le statut des autres régions (S4)(S5) ; ce qui réduit le poids de l’argument économique du Préfet.
Hâter le tir avant que la brume se dissipe
Durant de longues années, les bouquetins du Bargy n’ont pas été suivis ; ce qui est étonnant pour une espèce protégée ayant fait l’objet d’une réintroduction. (A1) L’examen des photothèques a permis de retrouver une photographie, datant de 2004, d’un bouquetin cliniquement suspect. (A2, p°6) Si les bouquetins du Bargy avaient été régulièrement observés par des professionnels, l’épidémie aurait pu être gérée à la racine.
Le suivi de la population de bouquetins a seulement démarré en septembre 2012. (A1, p°5) De ce fait, beaucoup d’incertitudes demeurent sur la prévalence de la maladie par tranche d’âge. Ainsi, les statistiques officielles sont fragiles, et peuvent comporter des biais importants. D’une part, il n’est pas précisé dans le rapport du groupe d’experts (A1, p°36) si les 76 bouquetins testés sérologiquement (c’est-à-dire par prise de sang) étaient représentatifs de la population globale du massif ou s’ils ont été choisis, au moins partiellement, parce qu’ils présentaient des signes cliniques évocateurs. D’autre part, lors d’une prise de sang, un bouquetin affaibli par une arthrite brucellique est plus facilement accessible qu’un bouquetin retranché sur une paroi quasi verticale ; ce qui peut également fausser les statistiques.
Pour les experts, avant d’avoir recours à d’éventuelles mesures drastiques, il fallait donc recueillir plus d’informations sur la population de bouquetins du massif et sur la dynamique de l’infection. Faisant allusion à un « paysage de connaissances très incomplet », l’ANSES « insiste sur l’importance d’un temps scientifique avant la mise en œuvre de mesures de gestion. » (A1, p°32 et 33) « L’incertitude même sur la taille de la population concernée est rappelée. » (A1, p°30) Dans ce contexte, la précipitation de la décision de l’Etat est hautement critiquable, car elle aboutit à des dommages graves et irréversibles qui auraient pu être fortement atténués, voire totalement évités.
Un chasseur sachant compter…
Des fédérations de chasse sont opposées à la protection des bouquetins. Certaines ne s’en cachent pas. Suite aux abattages des bouquetins du Bargy, l’Association des Chasseurs à l’Arc de Franche-Comté a publié sur son blog : « les bouquetins mâles sont vendus selon la longueur des cornes. Le tarif varie de 2 430 € [à] 16 200€ (…). La moyenne des trophées de Bouquetins mâles adultes se situe autour de 85 cm et se facture 6 500 € (= 8 000 CHF). Estimons que l’Etat Français vient de s’asseoir sur plus de 650 000 €. (…) il est anormal de passer à côté d’une telle activité économique. (…) Alors valorisons la faune sauvage française en la chassant. Et exigeons que l’on ouvre la chasse du Bouquetin des Alpes en France. » (P4)
L’Office National de la Chasse et de la Faune Sauvage (ONCFS), qui a géré le suivi, a en charge deux secteurs (la Chasse et la Faune) dont les intérêts divergent, et peut potentiellement être influencé par des fédérations de chasse. Le rapport publié en 2012 par la Cour des Comptes interroge sur la partialité de l’ONCFS. On y apprend ainsi que : « l’autorité ministérielle a parfois fait preuve d’un laxisme regrettable », et qu’une « majorité [d’influence de représentants des chasseurs] conduit parfois l’ONCFS à être la victime collatérale des conflits opposant les chasseurs et les (…) associations de protection de la nature ». « L’insuffisante diversification des partenariats de l’établissement dans ses activités d’observation, d’études et de recherche nuisent à l’indépendance et à la reconnaissance de certains travaux de l’ONCFS concernant les espèces chassables ». (C2) Des associations reconnues d’utilité publique ont d’ailleurs ouvertement fait part de leurs inquiétudes sur ce sujet. (C3)(C4)
S’appuyant exclusivement sur les observations effectuées par l’ONCFS et par la fédération départementale des chasseurs de Haute-Savoie (A1, p°5 et 39), la copie du groupe d’experts ne serait-elle pas à reconsidérer ? Le doute n’est-il pas légitime ? Les bouquetins sont interdits de chasse, ne serait-il pas plus judicieux de confier leur observation à un office de la biodiversité indépendant du lobby de la chasse ? (C4)
Les conséquences d’un massacre
Le choix de l’ignorance
Dans la faune sauvage, les abattages massifs visant à éradiquer une maladie n’ont quasiment jamais été couronnés de succès. Ainsi, en 1977, dans le massif des Bauges, de nombreux chamois ont été tués pour des motifs sanitaires ; il s’est avéré, par la suite, que ces opérations étaient absolument inutiles. (Z9)
La solution choisie, l’abattage éclair des bouquetins de cinq ans et plus (soit environ 70 à 80% de la population) nuit à l’étude de la dynamique de la maladie : « L’abattage ciblé des individus âgés ne permettrait pas (…) de récupérer des données sur l’évolution de la situation sanitaire et populationnelle des bouquetins. » Or, « il est (…) essentiel de collecter le maximum d’informations sur ce foyer afin que l’expérience ainsi acquise puisse servir à une maîtrise appropriée d’éventuels nouveaux foyers. » (A1, p°18 et 24)
Suscitant l’incompréhension du monde scientifique, les bouquetins tués n’ont délibérément fait l’objet d’aucun prélèvement (V5, p°10) ; ce qui rend impossible l’évaluation de l’efficacité de l’abattage ordonné. La mise en œuvre de cette mesure dans de telles conditions a ruiné les efforts scientifiques de compréhension de la situation sanitaire ; et ce, alors que d’autres foyers sauvages de brucellose apparaissent (notamment en Corse). En somme, si la situation se répète, les gestionnaires réitéreront les mêmes erreurs.
Malades ou pas, quelle différence ?
La prévalence de la maladie en fonction des âges et des sexes est très mal connue. L’ANSES insiste à de nombreuses reprises sur ces incertitudes. (A1, p°10, 11, 14, 22, 24, 26, 30, 31, 32) Considérant la petitesse des échantillons, les statistiques sont faillibles. Les données de l’ONCFS nous apprennent, par exemple, que 2 à 38% des femelles de cinq ans et moins seraient contaminées. (A1, p°37) Pour chaque catégorie, les fourchettes sont très larges. Dans certains cas, un animal contaminé de plus ou de moins ferait basculer les chiffres. Or, c’est précisément en s’appuyant sur la fragile interprétation de ces chiffres que le Préfet a ordonné le contestable abattage des bouquetins de cinq ans et plus.
Le type d’abattage choisi élimine des individus sains : la majorité des bouquetins du Bargy n’est pas atteinte de brucellose (65% pour l’ONCFS). D’après le rapport, il n’est pas exclu que 89% des mâles tués ne soient pas contaminés ! (A1, p°37) Quitte à persévérer dans la voie de l’abattage, il aurait été plus pertinent de n’éliminer que des bouquetins séropositifs, comme le Conseil National de Protection de la Nature le préconisait en septembre 2013. De plus, à partir de 16 – 17 ans, les mâles ne seraient plus reproducteurs (W1, p°50) et donc plus contaminants ; ce qui remet en cause la pertinence de leur abattage.
Un jeu de rhétorique a injustement condamné des dizaines de bouquetins. Alors que l’ONCFS et l’ANSES traitent, dans leur étude statistique, de la tranche d’âge des animaux de plus de cinq ans (explicitement : six ans et plus) (A1, p°37), ce sont les animaux de cinq ans (inclus) et plus qui ont été abattus (P1) ; et ce, alors que la prévalence de la maladie chez les animaux de cinq ans était relativement basse. La lecture des chiffres de l’ONCFS nous apprend ainsi que les bouquetins de cinq ans étaient 2,8 fois moins contaminés que les individus de six ans. (A1, p°37)
No Future ?
L’abattage des individus de cinq ans et plus perturbe fortement la hiérarchie, l’organisation et la dynamique de reproduction des bouquetins du Bargy. En effet, tuer des femelles condamne des cabris à devoir survivre sans leur mère, et vraisemblablement à ne pas passer l’hiver. Ensuite, les femelles sont plus fertiles aux alentours de 7 – 8 ans. (W1, p°50) Dans certaines populations, les femelles ne mettent bas qu’à l’âge de 3 ou 4 ans. (G5, p°15) Quant aux mâles reproducteurs, ce sont (à peu de choses près) les plus âgés. Compte tenu de la difficulté de la détermination des âges (W1, p°27)(O2)(C1), de nombreux bouquetins de 3 et 4 ans ont sans doute été abattus par erreur. Miser sur la fertilité d’un noyau extrêmement jeune est une pratique « d’apprentis sorcier ». (G2, p°5) D’ailleurs, les réintroductions de bouquetins sont a priori toujours réalisées avec des individus âgés.
Les bouquetins sont des animaux aux besoins spécifiques qui ne s’adaptent pas facilement aux situations défavorables. Une population de bouquetins est d’autant plus fragile que son effectif est réduit. (G1, p°5 et 6) Par le passé, l’expérience a démontré que de légers déséquilibres pouvaient avoir des conséquences désastreuses sur la fertilité d’une population (Chartreuse, Gorges de la Bourne). L’abattage ordonné par le Préfet menace gravement le maintien de l’espèce en Bargy.
Animaux et dominos
Les bouquetins ne se déplacent pas (ou très peu) vers les autres massifs. (A1, p°9) Les bouquetins des massifs voisins ne sont d’ailleurs pas atteints de brucellose. (A1, p°9) Les experts estiment qu’un abattage drastique peut engendrer une fuite de bouquetins infectés et l’extension du foyer vers d’autres massifs. « Il n’est pas possible de prévoir la réaction d’une population de bouquetins soumise à une telle pression de chasse. (…) Il faut envisager l’hypothèse qu’ils cherchent à fuir vers d’autres massifs (…) par des voies non identifiées. » (A1, p°19) En somme, au lieu d’enrayer l’infection, l’abattage éclair du 1 et 2 octobre a peut-être étendu la maladie vers d’autres massifs !
La solution choisie impactera le reste de la faune sauvage. Ainsi, en laissant certains cadavres en pleine nature, l’Etat fait courir le risque que d’autres espèces se contaminent par le biais de l’ingestion de la viande des bouquetins abattus. Par ailleurs, « le Gypaète barbu est un oiseau nécrophage protégé dont le statut en France est très fragile. (…) Mettre à disposition de cet oiseau des cadavres de bouquetins contenant des fragments de plomb serait très risqué pour la conservation de cette espèce » (A1, p°21) puisque ce vautour, comme d’autres rapaces, est très sensible au saturnisme. L’utilisation de balles sans plomb (en bismuth notamment) est également problématique puisqu’elle augmente le risque de faire souffrir les animaux abattus. (A1, p°21) D’après les responsables de l’ONCFS, le bismuth semble avoir été privilégié. Il est toutefois impossible de contrôler la composition des balles utilisées.
D’une envergure exceptionnelle (plus de 2 mètres 80), le gypaète est un oiseau rare, il prospère principalement dans les zones peuplées par les bouquetins, car les cadavres des bouquetins restent en zone dégagée, au-dessus des forêts (contrairement aux cadavres des chamois, chevreuils ou sangliers). (G1, p°6) La disparition d’un grand nombre de bouquetins risque de condamner le célèbre couple du Bargy, Assignat et Balthazar, dont la fertilité (13 poussins) a fortement participé à « repeupler les Alpes ». (G3) Les sorts des bouquetins et des gypaètes sont liés. L’Etat minimise en affirmant qu’il n’y a qu’un couple de gypaètes dans le massif du Bargy… sauf qu’on « ne dénombre[rait] qu'une vingtaine de couples de gypaètes sur l'ensemble des Alpes » françaises. Suite à la réintroduction de 1987, le couple du Bargy est le premier à s’être formé et à s’être installé ; et c’est également l’un des plus fertiles ! (G3)(G4)
Les bouquetins du Bargy sont au cœur d’un vaste écosystème. L’impact environnemental de cet abattage massif est sous-estimé, et aurait mérité, au préalable, un approfondissement scientifique. De surcroît, un arrêté ministériel remet en cause la légalité de nombreux tirs en interdisant la perturbation intentionnelle du gypaète sur son aire de nourrissage du 1er novembre au 31 août. (D4)
Aucune alternative, vraiment ?
En octobre, j’ai envoyé une lettre ouverte au Premier Ministre pour lui signaler qu’à mon sens, l’abattage ordonné par l’Etat n’était pas respectueux de la loi. Mon propos a sans doute été jugé pertinent puisque le Chef de Cabinet du Premier Ministre a pris soin de me répondre. Celui-ci m’a précisé qu’« après un examen approfondi de la situation sanitaire, cette mesure [l’abattage de plus de 230 bouquetins dès octobre 2013] est en effet apparue comme la seule permettant de réduire efficacement le risque ». À ma connaissance, les seuls « examens approfondis de la situation sanitaire » ont été réalisés par l’ANSES et par le Conseil National de Protection de la Nature ; et l’affirmation du Chef de Cabinet du Premier Ministre peut être débattue. (A1)(A2)(C1) Ainsi, dans ses conclusions, l’ANSES écrit que l’« analyse [réalisée] ne permet pas de confirmer la nécessité de mettre en œuvre dans l’urgence les actions d’abattage envisagées, compte tenu en particulier de leur ampleur et de leur nature ». (A1, p°33) Il ne faut pas perdre de vue que le risque que l’Etat cherche à abaisser à tout prix est « extrêmement faible ». (A1, p°2 et 15)
Il y a déjà eu un précédent. Un foyer de brucellose a été identifié dans une population de bouquetins du Grand Paradis (Italie). Ce foyer s’est éteint de lui-même sans qu’aucune mesure de maîtrise n’ait été entreprise. (A1, p°6) Certes, la prévalence de la maladie était plus faible qu’en Bargy, mais ne pas abattre de bouquetins n’empêche pas de mettre en place des mesures sanitaires.
Des mesures sanitaires simples et concrètes
Les chiens pourraient s’infecter en se nourrissant des produits d’avortement des bouquetins, et encadrer efficacement leur divagation aurait sans doute permis d’éviter le cas de transmission à une vache en 2012. (A1, p°13)
Déjà quasi effective naturellement (A1, p°14), une simple séparation spatiale des troupeaux domestiques et des bouquetins permet de considérablement réduire le risque de propagation.
L’ANSES estime que la surveillance sanitaire mensuelle du lait de mélange « est tout à fait adaptée pour (…) maîtriser le risque pour la santé publique. » (A2, p°13) De plus, la chauffe du lait à 70°C durant quelques secondes élimine le risque de transmission de la vache à l’homme. (W2, p°3)
Le cahier des charges du reblochon n’autorise pas une telle chauffe. Cependant, une étude bibliographique de l’ANSES, évoquée par le CNPN, tend à montrer que l’affinage d’un fromage, quelle que soit sa durée, inactive la bactérie : « aucun fromage affiné, et ce, quelles que soient l’espèce animale d’origine et la durée d’affinage, n’est cité comme source probable de cas humain en France ». (A3, p°12)(C1) Face à un manque d’études sur le sujet, les partisans de l’abattage estiment que la durée de l’affinage du reblochon n’est pas suffisamment longue pour apporter une garantie assez élevée. Quoi qu’il en soit, augmenter la durée de l’affinage du reblochon n’est pas contraire au cadre de l’Appellation d’Origine Protégée Reblochon (D3), et permettrait d’inactiver, de façon certaine, la bactérie. Qu’est-ce qui est le plus préjudiciable : le fait d’affiner provisoirement un fromage quelques semaines de plus (comme c’était le cas auparavant) ou l’abattage massif d’animaux protégés ?
Ne tuer que les animaux contaminés
Pour l’ANSES, l’abattage progressif des seuls animaux contaminés « présenterait l’avantage d’écrêter la population de façon plus harmonieuse et moins brutale », et permettrait de ne pas altérer violemment la dynamique de reproduction et la stabilité organisationnelle des bouquetins. Un tel abattage « présenterait l’avantage de continuer le suivi sanitaire et populationnel (…), ce qui permettrait un recueil d’informations amenant à une meilleure compréhension du foyer et permettrait d’être mieux armé en cas de nouvelle émergence. » En « abaiss[ant] suffisamment la prévalence de l’infection, il est possible que la brucellose ne puisse pas se maintenir dans la population. » (A1, p°25) En outre, le risque de fuite de bouquetins brucelliques vers les autres massifs eut été bien plus faible. Beaucoup plus pertinent que l’opération choisie, l’abattage exclusif des animaux contaminés aurait sauvé plus d’une centaine de bouquetins, et était envisagé dans le rapport des experts, mais « nécessit[ait] la mise en œuvre de moyens humains et financiers importants. » (A1, p°26) Des moyens financiers importants qui méritent toutefois d’être mis en balance avec l’impact de l’abattage ordonné sur le tourisme, plus importante source de revenu du Bargy, qui était jusqu’alors favorisé par la présence du Bouquetin. (A1, p°15) De plus, étalé sur la durée, l’abattage des seuls animaux contaminés n’aurait pas mobilisé cent-dix gendarmes ; ce qui tend à rééquilibrer les coûts.
Les bouquetins étant protégés, la consultation du Conseil National de Protection de la Nature (CNPN) était décisive dans cette affaire. Le 11 septembre, s’appuyant sur le rapport de l’ANSES et insistant sur l’extrême difficulté de « l’estimation de l’âge des femelles », le CNPN s’est prononcé, à 13 voix sur 21, pour l’abattage des seuls animaux séropositifs sur une durée de 3 ans (C1) et a souligné que l’éradication du foyer de brucellose « n’a nullement besoin d’être réalisée dans l’urgence. » (C1)
Ainsi, la décision d’abattage des bouquetins de cinq ans et plus a été prise contre l’avis du CNPN, qui avait opté pour une solution nettement moins drastique que l’élimination, en moins d’un mois, de ce qui pouvait s’élever à 80% de la population des bouquetins du Bargy !
L’immuno-contraception ?
La transmission se faisant principalement par voie sexuelle (A1, p°2), la castration (chimique ou immunologique) d’un mâle réduit vraisemblablement le potentiel de contamination de cet animal de façon aussi efficace que son abattage. Il est possible qu’une télé-anesthésie et une castration soient moins coûteuses qu’un abattage, une évacuation par hélicoptère et une incinération. En regard d’un abattage, une castration semble être une mesure plus acceptable. Au lieu d’être abattus les mâles contaminés ne pourraient-ils pas être castrés ? Au lieu d’être abattues les femelles contaminées ne pourraient-elles pas être rendues non réceptives ? Non évoquée par les experts, cette mesure est peut-être irréaliste, mais, compte tenu du contexte, cette question, à la fois éthique et technique, peut venir à l'esprit. D’ailleurs, dans les pays anglo-saxons, l’immuno-contraception d’animaux sauvages se pratique.
On vaccine bien les chèvres
Il existe un vaccin bovin, et la vaccination de toutes les vaches aurait éliminé le risque de transmission du bouquetin à la vache. (V1) En stimulant la production d’anticorps, le vaccin fausse les dosages sérologiques, et peut ainsi nuire au diagnostic de la brucellose. Pour ce motif stratégique (et non pas pour des raisons de dangerosité), le vaccin bovin est actuellement interdit en France. Néanmoins, autrefois obligatoire, ce vaccin a joué un rôle décisif dans l’éradication de la brucellose bovine (V4), et il ne fausse pas l’analyse bactériologique (qui est la seule à permettre un diagnostic certain).
Les bouquetins sont des caprins, et un vaccin pour les caprins existe. (V1) Jean-Marie Gourreau, vétérinaire, vice-président de la commission faune du Conseil National de Protection de la Nature, a écrit : « il est tout à fait possible, dans l’état actuel de nos connaissances et moyennant une extension de l’AMM [= l’Autorisation de Mise sur le Marché], d’envisager en nature une vaccination intra-conjonctivale ou sous-cutanée à l’aide du vaccin vivant Rev1 chez les animaux séronégatifs de moins de 9 mois, ce à titre expérimental. Le seul risque que l’on encoure est un marquage sérologique des animaux de plus de six mois [qui fausserait les tests de dépistage] (mais à un moindre degré lorsque l’on utilise la voie conjonctivale). » (V2) Initier une telle étude scientifique aurait un coût, mais également une utilité indéniable dans la gestion de futures crises sanitaires.
Le Préfet ayant imposé une action dans l’urgence, la vaccination n’a pas pu être suffisamment étudiée par l’ANSES : « Les experts disposent de trop peu de temps pour évaluer l’intérêt de la vaccination dans le cas présent mais soulignent le fait que la vaccination pourrait représenter une alternative ». « La vaccination sera traitée de façon plus approfondie dans une autre saisine : les contraintes de temps n’ont pas permis aux experts de traiter cette question d’une façon satisfaisante. » (A1, p°28)
Quoi qu’il en soit, d’après l’Institut National de Recherche Agronomique, le vaccin « Rev.1, souche de B. melitensis (…), est, depuis des années, [le pilier] de la vaccination anti-brucellique (…) des ovins et des caprins. [Son] efficacité est unanimement reconnue dans le monde entier. » (V1)
« Le procédé de vaccination conjonctivale, mis au point par l'INRA, permet de pallier les inconvénients liés à l'utilisation classique des vaccins vivants anti-brucelliques. » Il « rend donc l'utilisation [du vaccin] Rev.1 compatible avec les mesures de prophylaxie sanitaire. » (V1) Les « effets secondaires sont considérablement réduits lorsque les animaux adultes sont vaccinés par voie conjonctivale (à dose normale), avant le rut ou durant le dernier mois de gestation ». (V3, p°666) Les chèvres et les bouquetins appartenant au même genre (Capra), il serait étonnant qu’un vaccin efficace sur des souris (V3, p°669) soit efficace sur des chèvres sans être efficace sur des bouquetins !
La société Vétoquinol commercialise le vaccin en question. (V1) Sur le plan économique, ce vaccin, encore utilisé il y a peu de temps en France (V4), ne menace pas le statut « officiellement indemne de brucellose bovine ».
Si les bouquetins étaient vaccinés, la maladie pourrait ne plus se propager « à l'intérieur de l'espèce » ; et le risque de transmission aux autres espèces étant extrêmement faible, l’infection pourrait ainsi être circonscrite. En conséquence, une éventuelle vaccination pourrait remettre en cause l'abattage des bouquetins séropositifs. L’avis du CNPN du 11 septembre 2013 est susceptible d’être modifié « en cas d’apport de nouveaux éléments, sur le plan scientifique notamment. » (C1) La commission n’a pas rejeté la vaccination, et l’ANSES souhaitait étudier cette option dans une nouvelle saisine. (A1, p°28) Pas le temps d’approfondir, feu !
PRAVDA
Dans un communiqué, le 13 septembre 2013, le syndicat agricole FDSEA a estimé que « la mesure d’éradication totale en urgence [des bouquetins] sur le Massif du Bargy [était] la seule voie possible ». Par la même occasion, la FDSEA a comparé les membres du Conseil National de Protection de la Nature à des « apparatchiks parisiens » et à des « écologistes de salon ». (F1) La pression des fédérations agricoles a été forte.
Un jour après la publication du communiqué, Bernard Accoyer, député de la Haute-Savoie, a envoyé au Premier Ministre une lettre partiale défendant l’éradication totale en urgence. Le député est allé jusqu’à écrire au Chef du Gouvernement : « J’ajoute que les bouquetins, pratiquement tous malades, souffrent physiquement ce qui ne doit pas laisser indifférent ». (L1) À cette échelle de la politique, écrire de telles contre-vérités est inquiétant.
Premièrement, les bouquetins ne sont pas « pratiquement tous malades » ; d’après l’ONCFS, 35% des bouquetins étaient sérologiquement positifs avant les abattages de 2013 (A1, p°36) ; et un bouquetin sérologiquement positif n’est pas systématiquement malade. Deuxièmement, la brucellose est souvent peu symptomatique chez les animaux ; « la maladie se manifeste [surtout] par des avortements » ; et on observe, selon les cas, une reprise de la fertilité après un ou plusieurs avortement(s). (O1, p°1 et 3)(A1, p°7)(S10) Troisièmement, avant 2013, personne n’avait signalé d’anomalies cliniques chez les bouquetins qui vivaient sous les yeux de milliers d’observateurs chaque année ; ce qui prouve que les signes cliniques sont généralement discrets. En somme, prétendre que les bouquetins sont pratiquement tous malades et souffrants est absolument faux ; et chercher à influencer le Premier Ministre et les journaux avec de tels arguments semble peu loyal de la part d’un député. (L1)
Sous la plume de cet ancien président de l’Assemblée Nationale, les incertitudes du dossier se convertissent en « certitude » ; et le risque, qui est extrêmement faible selon les experts, se transforme en « risques majeurs ». (L1) Malgré le sérieux des études scientifiques (A1)(A2)(A3), le député a remis en cause les avis de l’ANSES et du CNPN (L1), alors que l’« expertise [indépendante et pluraliste] de l’ANSES (…) a été réalisée par [un groupe multidisciplinaire de scientifiques] regroupant des compétences complémentaires » : épidémiologie, brucellose à Brucella melitensis, biologie du bouquetin, etc. (A1, p°1 et 3) En marquant sa stupéfaction face aux avis des scientifiques (L1), le député de la Haute-Savoie n’a-t-il pas agité le drapeau de la peur au détriment de celui de la raison ?
Le pouvoir de la peur
Avant d’occuper sa fonction, l’actuel Préfet de la Haute-Savoie, qui a formulé une demande d’extermination des bouquetins du Bargy, a été chargé de gérer un autre dossier sanitaire controversé : celui de la grippe A. C’est cet énarque qui a « confirm[é] l’intention du Gouvernement français de procéder à la commande de 50 millions de doses (…) de vaccins adjuvantés » contre le virus de la grippe A. (Z2) Il s’est avéré, par la suite, que des millions de doses furent perdues ; ce qui coûta cher aux contribuables. L’Etat reconnaît lui-même que cette situation sanitaire fut mal gérée. (Z3) Pour beaucoup d’observateurs, la communication du gouvernement fut alarmiste et inadéquate ; la peur l’emporta sur la raison. Durant l’épidémie, de nombreux analystes pressentaient l’ampleur de la psychose autour d’une maladie moins dangereuse qu’une grippe saisonnière. En septembre 2009, on pouvait ainsi lire dans les colonnes du Monde Diplomatique : « Pendant que les nations industrialisées multiplient les mesures préventives susceptibles de limiter l’impact économique et sanitaire d’un virus certes très contagieux mais — pour le moment — peu létal, des voix s’élèvent pour dénoncer un emballement politico-médiatique. Il est impossible de traiter du risque comme d’une réalité objective. Les grandes peurs — de la technologie, de l’étranger, du terroriste, de la maladie... — se multiplient, parfois attisées par qui y trouve son compte. […] Au fond, la panique suscitée par la grippe tend un miroir aux sociétés. S’y reflètent les intérêts, les fantasmes et l’ombre d’une régression obscurantiste qui prête aux scientifiques de noirs desseins. » (Z4)
Le parallèle n’est pas anodin puisque l’actuel Préfet de la Haute-Savoie est, une nouvelle fois, à la tête d’une psychose sanitaire qui conduit l’Etat à agir d’une façon irrationnelle et déconnectée du monde scientifique. En 2009, Eric Favereau, journaliste à Libération, faisait allusion à la psychologie autoritaire (Z1) d’un décideur, nommé et non élu, qui a aujourd’hui plus d’influence sur la société que les préconisations éclairées des groupes d’experts. Pour l’anecdote, tout comme le Ministre chargé de l’Ecologie (qui a cautionné l’abattage en cours), le Préfet de la Haute-Savoie pratiquerait la chasse. (Z5)(Z6) La psychologie d’un décideur est toujours celle d’un homme.
La démocratie et ses nuages
La transparence autour des abattages est quasi inexistante. L’Etat indique abattre des bouquetins de cinq ans et plus, mais l’âge d’un bouquetin ne peut pas être déterminé à distance de tir puisqu’il est quasi impossible de connaître l’âge d’une femelle, voire d’un mâle, sans avoir les cornes en main ! (C1)(W1, p°27)(O2) De nombreux bouquetins âgés de 3 ou 4 ans ont vraisemblablement été tués. (C1) Lors des abattages, tous les débordements ont pu avoir lieu. La liste des âges et des sexes des bouquetins tués n’aurait d’ailleurs même pas été établie ! Or cela était essentiel, d’une part, pour rendre des comptes à la société sur la conformité de l’exécution de la décision ; d’autre part, pour connaître la prévalence réelle de la maladie par tranche d’âge.
Pour le vice-président de la commission faune du Conseil National de Protection de la Nature (CNPN), « ordre a été donné de la préfecture de ne pas effectuer de prélèvements à but scientifique sur les cadavres, obérant ainsi lourdement les études en cours, notamment à l’ANSES. » (V5, p°10) Les bouquetins abattus n’ont donc fait l’objet d’aucune prise de sang et d’aucun prélèvement. Simples à réaliser, ces contrôles étaient cruciaux, car ils auraient permis aux scientifiques de mieux comprendre la dynamique de l’infection et de faire face à d’éventuels nouveaux foyers. (A1, p°5, 22, 25 et 32) La brucellose « est très mal connue chez le Bouquetin : aussi était-il indispensable d'approfondir nos connaissances pour tenter d'enrayer son extension, voire de l'éradiquer. » (V5, p°1) Pourquoi une telle opacité ? Plus d’une centaine de bouquetins non contaminés ont sans doute été abattus ; a-t-on voulu éviter que quiconque puisse rouvrir ce dossier en menant une enquête scientifique indépendante ? A-t-on voulu mettre en position les partisans de l’abattage total d’avoir les coudées franches pour revenir à la charge au printemps prochain sans aucune contradiction scientifique gênante ?
Avant d’ordonner cet abattage, l’Etat n’a pas organisé de consultation publique. Or, l’article L. 120-1-1° du code de l’environnement met en place le respect d’une procédure de participation du public avant la prise d’une décision ayant une incidence sur l’environnement. Cette irrégularité vis-à-vis de la loi est grave et porte atteinte à la démocratie.
Durant les jours qui précédèrent l’abattage massif, des journalistes ont volontairement été induits en erreur. Ainsi, le rapport de l’ANSES du 4 septembre 2013 n’a été officiellement diffusé qu’à la fin du mois de septembre. (P8) Se heurtant à l’opacité du dossier, on pouvait lire, le 17 septembre, dans le sérieux Journal de l’Environnement : « L’Anses préconise notamment d’abattre les animaux de plus de 5 ans (de la classe d’âge de ceux contaminés) ». (P7) En octobre, j’ai pris contact avec la journaliste et l’ai invitée à lire le rapport de l’ANSES : elle a corrigé son article. Le 13 septembre, France 3 titrait « Pas d’abattage massif », et expliquait que « les bouquetins du massif du Bargy vont pouvoir souffler ». (P8) Quelques jours après, 197 bouquetins étaient abattus. Le manque de transparence n’est-il pas flagrant ?
Ce n’est que cinq jours avant la signature de l’arrêté et son exécution que les médias (l’AFP, Le Figaro et France 3) firent allusion, pour la première fois, à un abattage massif éclair en indiquant que celui-ci devait se dérouler « durant la deuxième quinzaine du mois d'octobre » ; ou plus précisément selon les mots du Préfet : « vers la fin du mois d’octobre, et un petit peu avant si nous pouvons ». (P8)(P9)(P11) L’abattage massif s’est déroulé le 1er et le 2 octobre. En somme, cinq jours avant l’abattage, à peu près personne n’était au courant de ce qui tramait, y compris du côté des biologistes participant à l’étude ; ce qui a coupé court à toutes les contestations.
À une très discrète exception près, les médias n’ont pas signalé que la décision prise par le Préfet de la Haute-Savoie n’était pas conforme à l’avis du Conseil National de Protection de la Nature. Non-conformité qui remet fortement en cause la légalité de l’abattage puisque l’article L. 411-2-4° du code de l’environnement stipule que les dérogations aux interdictions encadrant le statut de protection du Bouquetin des Alpes ne peuvent être délivrées que s’ « il n’existe pas d'autre solution satisfaisante ». (D1) Or, dans le cas présent, il existait une autre solution plus satisfaisante, le Conseil National de la Protection de la Nature (CNPN) l’a affirmé noir sur blanc ! L’omission par les médias d’une telle irrégularité envers la loi révèle l’ampleur de l’opacité autour de cette affaire.
À cela s’ajoute une omission soigneuse et délibérée d’associations subventionnées par le département de la Haute-Savoie (Z7) qui, par un subtil jeu de rhétorique, ont laissé entendre, cinq jours avant les abattages massifs, dans un communiqué intitulé La sagesse l’emporte, que l’éradication totale des bouquetins de cinq ans et plus était conforme à l’avis du Conseil National de Protection de la Nature ; ce qui est absolument faux (P10)(C1) et ces associations le savaient, compte tenu de leurs rapports avec le CNPN. (P12) Par la même occasion, ces associations subventionnées sont allées jusqu’à marquer leur accord avec la décision du Préfet. (P10) Est-ce le rôle d’associations protectrices de la Nature de s’opposer à l’avis du Conseil National de Protection de la Nature ? (P10)(C1) Ce fait semble illustrer que seule l’indépendance financière d’une association puisse garantir la liberté de son expression ; et il a malheureusement fallu attendre que plus de 220 bouquetins soient tués pour que ces associations subventionnées soutiennent, le 17 décembre, qu’« occultant la question de l’éthique, l’Etat a choisi la solution […] la plus expéditive », et que « l’abattage total des bouquetins de cinq ans et plus est une mesure totalement disproportionnée. » (Z8)
Prenant de vitesse citoyens, journaux et tribunaux, le Préfet a signé son arrêté le 1er octobre ; le 2 au soir, 197 bouquetins étaient déjà morts ! (P1)(P2) Il est évident que si la transparence avait été plus grande, la pétition demandant le respect de l’avis du Conseil National de Protection de la Nature, qui a récolté en peu de temps plus de 18 000 signatures, aurait été lancée bien avant que 197 bouquetins soient tués ! Pour contenir le « risque de mobiliser des mouvements d’opposants », l’Etat a opté pour un manque de transparence en cadenassant l’information et en avertissant le public au dernier moment. Dans le même ordre d’idée, pour éviter toute contestation, l’Etat pourrait, par exemple, interdire aux citoyens de s’informer et de s’exprimer.
La transparence, le respect des lois et des mouvements d’opposants ne sont-ils l’essence de la démocratie ?
Le sublime leur suffisait, l’Etat les a tués
L’abattage total des bouquetins de cinq ans et plus est une mesure totalement disproportionnée. Rationnellement, il y a, à peu près, autant de raisons d’abattre les bouquetins du Bargy (pour lutter contre la brucellose) que d’abattre les chats (pour lutter contre la toxoplasmose congénitale), les chiens (pour lutter contre les septicémies), les oiseaux sauvages (pour lutter contre la grippe aviaire) ou que de déverser des tonnes de molluscicides dans les étangs (pour lutter contre la puce du canard). (B2)
Les rapports de l’ANSES, agence d’experts pluralistes et indépendants, indiquent que la probabilité de transmission de la brucellose du bouquetin aux autres espèces est extrêmement faible. (A1) L’infection est circonscrite aux bouquetins. (A1) Le risque économico-sanitaire est minime et maîtrisable. (A1)(C1)
Dans sa conclusion, l’ANSES « insiste sur l’importance d’un temps scientifique avant la mise en œuvre de mesures de gestion » et regrette « que cette saisine [lui] ait été confiée assortie d’un délai très court conjugué à un contexte d’incertitudes épidémiologiques ». (A1, p°32) L’ANSES conclut que son « analyse ne permet pas de confirmer la nécessité de mettre en œuvre dans l’urgence les actions d’abattage envisagées, compte tenu en particulier de leur ampleur et de leur nature. » (A1, p°33) Le « paysage de connaissances [étant encore] très incomplet » (A1, p°33), il n’y avait pas d’urgence à agir dès 2013, il fallait recueillir de nouvelles données et formuler de nouvelles réflexions avant de prendre une décision. (A1)(C1) Contre l’avis du Conseil National de Protection de la Nature, l’Etat a déjà abattu plus de 230 bouquetins dont un grand nombre d’animaux non contaminés, et pourrait décider d’éradiquer tous les bouquetins du massif dès le printemps prochain ; et ce, alors que cette espèce emblématique des Alpes est protégée et interdite de chasse.
Il y avait des alternatives à l’abattage massif à l’aveugle. Occultant la question de l’éthique et de la rigueur scientifique, l’Etat a choisi la solution la plus expéditive ; et ce, sans se soucier d’organiser une consultation publique. En agissant de la sorte, il semble que les articles L. 411-2-4° et L. 120-1-1° du code de l’environnement n’aient pas été respectés. Par ailleurs, en empêchant délibérément les scientifiques de porter un regard sur les abattages ordonnés (ce afin d’éviter toute remise en cause), les promoteurs de ces opérations sont responsables d’un immense gâchis réduisant à néant un travail de retour d’expérience qui aurait pu, par la suite, permettre de gérer d’autres foyers de brucellose.
Certains décideurs sont guidés par la démesure de la peur plutôt que par la mesure de la raison. Pour eux, si anéantir des vies abaisse un risque, aussi minime soit-il ; décision doit être prise d’agir en conséquence. Loin de l’air de notre époque, un jour peut-être, autrui sera considéré comme une fin en soi, et non plus comme une variable d’ajustement. Loin de l’air de notre époque, un jour peut-être, les gouvernants hériteront des valeurs de leurs gouvernés. Pendant ce temps, en territoire stérile, progressivement, la vie s’éteint.
Et nos cœurs avec elle.
Une pétition :
http://secure.avaaz.org/fr/petition/Petition_Stop_a_labattage_des_bouquetins_du_Bargy
Texte et photos : Matthieu Stelvio ; version du 10 janvier 2014.
Sources
(A1) Rapport de l’ANSES du 4 septembre 2013. http://www.anses.fr/sites/default/files/documents/SANT2013sa0129.pdf
(A2) Rapport de l’ANSES du 22 juillet 2013. http://www.anses.fr/sites/default/files/documents/SANT2013sa0082.pdf
(A3) Rapport de l’ANSES du 31 octobre 2012. http://www.anses.fr/Documents/BIORISK2012sa0115.pdf
(B1) Le Bruit du Vent, article du 25 octobre 2013. http://lebruitduvent.overblog.com/25octobre.html
(B2) Le Bruit du Vent. http://lebruitduvent.overblog.com/chats.html
(B3) L’Association Pour la Protection des Animaux Sauvages, association indépendante reconnue d’utilité publique, invite à signer la pétition. L’association FERUS soutient officiellement la pétition. La Ligue de Protection des Oiseaux (LPO) Rhône-Alpes invite à signer la pétition sur son site Internet. La FRAPNA Haute-Savoie et la FRAPNA Rhône-Alpes ont mis un lien vers la pétition sur leur site Internet. Naturjalles et le Bureau Montagne des Arves soutiennent officiellement la pétition.
(C1) Avis du Conseil National de Protection de la Nature du 11 septembre 2013. Disponible sur cette page : http://lebruitduvent.overblog.com/bouquetinspresident.html
(C2) Rapport de la Cour des Comptes du 27 juillet 2012 dont l’objet est la gestion de l’Office national de la chasse et de la faune sauvage. http://www.aspas-nature.org/wp-content/uploads/RF_64478_gestion_Office_national_chasse_faune_sauvage.pdf
(C3) Site Internet FERUS, 2 octobre 2013. http://www.ferus.fr/actualite/indices-de-presence-du-loup-detruisez-les
(C4) Site Internet ASPAS. http://www.aspas-nature.org/6021/la-cour-des-comptes-denonce-le-hold-up-d%E2%80%99un-etablissement-public-l%E2%80%99oncfs-par-les-chasseurs/
(D1) Arrêté ministériel du 17 avril 1981. http://www.legifrance.gouv.fr/affichTexte.do?cidTexte=JORFTEXT000000649682
(D2) Convention relative à la conservation de la vie sauvage et du milieu naturel de l’Europe, annexe III. http://conventions.coe.int/Treaty/fr/Treaties/Html/104-3.htm
(D3) Décret du 15 novembre 1999 relatif à l’appellation d’origine contrôlée « Reblochon » : « La durée totale d'affinage doit être de quinze jours minimum à compter de la date de fabrication. » Aucune durée maximale d’affinage n’est fixée. http://www.legifrance.gouv.fr/affichTexte.do?cidTexte=JORFTEXT000000762355&dateTexte=&categorieLien=id
(D4) Arrêté du 23 juillet 2013 portant modification de l'arrêté du 12 décembre 2005 portant interdiction de la perturbation intentionnelle du gypaète barbu. http://www.legifrance.gouv.fr/affichTexte.do?cidTexte=JORFTEXT000027793314&dateTexte=&categorieLien=id
(F1) Communiqué de presse de la FDSEA, 13 septembre 2013. http://www.gds38.asso.fr/web/gds.nsf/0/8b64659371a2eca4c1257be9002922f9/$FILE/131262luutebru74.pdf
(G1) Groupe National Bouquetins : Stratégie de restauration des Bouquetins en France (2000-2015), publié en décembre 2009. http://groupe-national-bouquetins.fr/site/assets/files/1006/strategie_restauration_bouquetins_200912.pdf
(G2) Groupe National Bouquetins : Charte pour la réintroduction des bouquetins en France, publié en décembre 2009. http://groupe-national-bouquetins.fr/site/assets/files/1006/charte_reintroduction_bouquetins_200912.pdf
(G3) http://www.lereposoir.fr/articles.php?lng=fr&pg=83
(G4) Conservatoire des espaces naturels de Haute-Savoie, ASTERS. http://www.gypaete-barbu.com/2/decouvrez-le-gypaete/5/de-la-legende-a-la-realite/34/de-retour-dans-les-alpes.html?OC_ADMIN=ece01f1f30cb69ebb4bafd2eb49028b0 et http://www.gypaete-barbu.com/3/observez-et-protegez-le-gypaete/11/le-gypaete-aujourdhui/46/effectifs-et-tendances.html
(G5) Etude de faisabilité de réintroduction du bouquetin dans les Bauges, ASTERS, 2012. Disponible sur Internet au format PDF.
(L1) Lettre de Bernard Accoyer au Premier Ministre, 14 septembre 2013. Disponible sur Facebook : https://fr-fr.facebook.com/photo.php?fbid=515604855194737&set=pcb.515607558527800&type=1&theater Cette lettre a fait l’objet d’un article dans le journal Le Dauphiné Libéré.
(O1) Organisation Mondiale pour la Santé Animale, Fiches d’information sur les maladies : Brucellose.
http://www.oie.int/fileadmin/Home/fr/Media_Center/docs/pdf/Disease_cards/BCLS-FR.pdf
(O2) ONCFS. Page sur le Bouquetin des Alpes mise à jour le 28 juin 2013. « La détermination de l’âge lorsque l’animal est maintenu en main » http://www.oncfs.gouv.fr/Connaitre-les-especes-ru73/Le-Bouquetin-des-Alpes-ar1527
(P1) Arrêté Préfectoral n°2013274-0001. http://groupe-national-bouquetins.fr/site/assets/files/1020/2013274-0001.pdf
(P2) Article de presse du Dauphiné Libéré du 3 octobre 2013. http://www.ledauphine.com/haute-savoie/2013/10/03/197-bouquetins-abattus-en-deux-jours-dans-le-bargy-l-acces-au-massif-est-a-nouveau-autorise
(P3) Article Librinfo 74 du 23 juillet 2012 : « en 2010, après avoir été le conseiller de Roselyne Bachelot, ministre des Sports et de la Santé – auprès de laquelle il géra plus particulièrement le dossier de la grippe A – il décroche la place de Préfet de l’Aude » http://www.librinfo74.fr/2012/07/georges-francois-leclerc-nouveau-prefet-de-haute-savoie-jeune-competent%E2%80%A6-classe-a-droite-se-considere-comme-impartial/
(P4) Blog de l’Association des Chasseurs à l’Arc de Franche-Comté. « 198 bouquetins abattus. Quel gâchis » ! : http://www.acafc.net/article-198-bouquetins-des-alpes-abattus-quel-gachis-121199483.html
L’article risquant d’être supprimé, des copies d’écran sont disponibles sur demande.
(P6) http://rhone-alpes.lpo.fr/actualites-112/article/stop-a-l-abattage-des-bouquetins
(P7) Journal de l’Environnement, 17 septembre 2013. http://www.journaldelenvironnement.net/article/les-bouquetins-du-massif-de-bargy-en-sursis,36610
(P8) France 3. http://alpes.france3.fr/2013/09/13/non-l-abattage-massif-des-bouquetins-de-haute-savoie-317667.html
(P9) Le Figaro, 26 septembre 2013. http://www.lefigaro.fr/flash-actu/2013/09/26/97001-20130926FILWWW00615-200-bouquetins-abattus-en-haute-savoie.php
(P10) Communiqué de la FRAPNA et de la LPO du 26 septembre 2013 : http://www.frapna.org/images/docs/CP/CP_FRAPNA_LPO_Bouquetins_du_Bargy_la_sagesse_l_emporte_26_09_2013.pdf
(P11) France 3. http://alpes.france3.fr/2013/10/01/l-abattage-des-250-bouquetins-debute-dans-le-massif-du-bargy-en-haute-savoie-329079.html
(P12) Composition du Conseil National de Protection de la Nature. http://www.developpement-durable.gouv.fr/IMG/Le%20CNPN%20comprend%2040%20membres.pdf
(S1) Institut de Veille Sanitaire, Guide pour l’investigation épidémiologique : Brucellose. Mise à jour 7/11/2001. http://opac.invs.sante.fr/doc_num.php?explnum_id=6992
(S2) Agence Nationale de Sécurité du Médicament, Fiche thérapeutique n°5 : Brucellose. http://ansm.sante.fr/var/ansm_site/storage/original/application/64f3cf430660a588f79cd622bde6ae07.pdf
(S3) Agence fédérale pour la sécurité de la chaîne alimentaire, paragraphe sur l’évolution de la maladie consulté le 02 décembre 2013. http://www.favv.be/santeanimale/brucellose/#evol
(S4) Journal de l’Environnement, article du 17 avril 2013 publié I par Laurine Arnaud. http://www.journaldelenvironnement.net/article/reconnaissance-du-statut-indemne-de-certaines-regions-d-espagne-de-pologne-et-d-italie-de-plusieurs-zoonoses,34382
(S5) Direction départementale de la Cohésion Sociale et de la Protection des Populations de la Meuse (Services Vétérinaires). http://ddsv55.agriculture.gouv.fr/Etats-membres-Officiellement,7
(S6) Office Vétérinaire Fédéral Suisse, la Brucellose (chez les humains). http://www.bvet.admin.ch/themen/02794/02829/02845/?lang=fr
(S7) Institut National de Recherche et de Sécurité pour la prévention des maladies professionnelles. http://www.inrs.fr/eficatt/eficatt.nsf/(allDocParRef)/FCBRUCELLOSE
(S8) Site Internet du Ministère de l’Agriculture consulté le 3 décembre 2013. http://alimentation.gouv.fr/la-brucellose
(S9) Institut de Veille Sanitaire, Etudes sur les brucelloses humaines en France métropolitaine, 2002 – 2004. Rapport publié en janvier 2007. http://opac.invs.sante.fr/doc_num.php?explnum_id=4036
(S10) Ministère de l’Agriculture de l’Agroalimentaire et de la Forêt. 12/04/2012. http://alimentation.gouv.fr/la-brucellose
(V1) INRA, Vaccination contre la brucellose. http://www7.inra.fr/internet/Directions/DIC/presinra/SAQfiches/vaccinbrucel.htm
(V2) Note de Jean-Marie Gourreau publié le 6 juillet 2013 sur le site Internet de l’Association Le Désert de Platé.
http://assodesertplate.free.fr/documents/Brucellose%20bouquetins%20Bargy.pdf
(V3) Chapitre 2.4.2 du Manuel terrestre de l’Organisation Mondiale de la Santé Animale, 2005. http://web.oie.int/fr/normes/mmanual/pdf_fr/Chapitre%20final05%202.4.2_BrucCap_ov.pdf
(V4) Institut National de Recherche et de Sécurité pour la prévention des maladies professionnelles. Fiche sur la Brucellose mise à jour en 2008. http://www.inrs.fr/eficatt/eficatt.nsf/(allDocParRef)/FCBRUCELLOSE
(V5) Historique et actualités concernant la brucellose chez les bouquetins du Bargy (Haute-Savoie), Jean-Marie Gourreau, vice-président de la commission faune du CNPN, décembre 2013.
(W1) Weber, Eric : Sur les traces des Bouquetins, 1994.
(W2) http://www.infectiologie.com/site/medias/_documents/officiels/afssa/Brucella090207.pdf
(Z1) La ministre et son directeur. Blogs Libération. Eric Favereau, journaliste et auteur de plusieurs ouvrages. http://societe.blogs.liberation.fr/laplumeetlebistouri/2009/11/la-ministre-et-son-directeur.html
(Z2) Site Internet du Sénat. http://www.senat.fr/rap/r09-685-2/r09-685-20.html
(Z3) Site Internet de l’Etat, Vie Publique. http://www.vie-publique.fr/actualite/alaune/campagne-vaccination-contre-grippe-h1n1-resultats-decevants.html
(Z4) Le Monde Diplomatique, septembre 2009. http://www.monde-diplomatique.fr/2009/09/DUCLOS/18096
(Z5) http://www.auboisementcorrect.com/5028-Le-nouveau-prefet-de-l-Aube-est-il.html
(Z6) Site Internet associatif. http://www.politique-animaux.fr/philippe-martin
(Z7) FRAPNA, rapport d’activités 2012, page 23. http://fr.calameo.com/read/002194176ef0b40cc0fc8 et LPO. http://rhone-alpes.lpo.fr/nos-partenaires/
(Z8) Dossier de synthèse soutenu par des associations. http://frapna.org/images/docs/bouquetins/synthese_bouquetins_bargy_matthieu_stelvio_2013-12-17.pdf
(Z9) La Grande Faune de Montagne, Michel Catusse, p°163.