Fin de la psychose des bouquetins du Bargy ? Le préfet de la Haute-Savoie est remplacé
Le préfet de la Haute-Savoie, Monsieur George François Leclerc, va être remplacé par un nouvel homme : Pierre Lambert. (Source : Ouest France, 2 novembre 2016.)
En ordonnant l'abattage de 197 bouquetins, animaux protégés par la Convention de Berne, les 1 et 2 octobre 2013, George François Leclerc a pris une décision non conforme à la loi, comme l'a récemment signifié la Justice dans un procès, initié durant l'automne 2013, dans lequel nous avons été peu nombreux à nous impliquer.* Compte tenu de la période, même si cela ne sera sans doute jamais rendu officiel, il est bien possible que cette faute, reconnue par la Justice, ait conduit, au moins en partie, à ce remplacement de préfet.
Vivement critiqué sur ce blog pour son manque de diplomatie et sa psychose sanitaire, c'est avec un grand soulagement que j'apprends cette nouvelle, en espérant que son successeur saura écouter des scientifiques pour éradiquer la brucellose du massif du Bargy ! Comme je l'explique à travers cette thèse, la vaccination des bouquetins semble être une solution indispensable à l'éradication de la brucellose dans le massif du Bargy, alors qu'à l'inverse, les abattages massifs sont contre-productifs.
Extrait de Tout savoir sur le massacre des bouquetins du Bargy (publié sur ce blog en septembre 2014) :
" La rhétorique du préfet est trop souvent entachée de partialité, voire de malhonnêteté. Ainsi, pour répondre aux propos scientifiquement argumentés (qualifiés de « fantaisistes » par le préfet !) du président du Conservatoire des espaces naturels (C7), le dépositaire de l’autorité de l’Etat publia un communiqué de la République dans lequel il prétendait s’attacher à « rectifier les termes du débat public » face aux « assertions grossièrement mensongères, exagérées ou inutilement polémiques ». Ce sage détenteur de la vérité ne ferait-il pas mieux de revoir sa copie avant de corriger celle des autres ? Comment ne pas se poser cette question lorsque le préfet affirme à la presse que la brucellose est une maladie mortelle ? (C15) Si la brucellose est une maladie sérieuse qui, dans 30% des cas, se complique, notamment d’arthrite chronique (C14) ; elle n’est toutefois pas mortelle chez plus de 95% des personnes non traitées (elle peut même être asymptomatique). (C13) Un médecin dira-t-il à un patient atteint de brucellose : « vous êtes atteint d’une maladie mortelle » ? Non, car le médecin sait qu’il a plus de 95% de chances de sauver son patient. Mais le préfet qui cherche à vendre son massacre ; et pour cela à faire peur, à créer la panique (lui qui est pourtant chargé de maintenir l’ordre) tient un discours catastrophiste, et ne respecte pas son devoir de neutralité politique absolue. (C11) (C12) Bref, si une personne prononce des « assertions grossièrement mensongères, exagérées ou inutilement polémiques », il semblerait que ce soit le préfet plutôt que le président du Conservatoire des espaces naturels de la Haute-Savoie.
Avant d’occuper sa fonction, l’actuel préfet de la Haute-Savoie, qui a formulé deux demandes d’extermination des bouquetins du Bargy, a été chargé de gérer un autre dossier sanitaire controversé : celui de la grippe A. C’est cet énarque qui a « confirm[é] l’intention du Gouvernement français de procéder à la commande de 50 millions de doses […] de vaccins » contre le virus de la grippe A. (Z2) Il s’est avéré, par la suite, que des millions de doses furent perdues ; ce qui coûta cher aux contribuables. L’Etat reconnaît lui-même que cette situation sanitaire fut mal gérée. (Z3) Pour beaucoup d’observateurs, la communication du gouvernement fut alarmiste et inadéquate ; la peur l’emporta sur la raison. Durant l’épidémie, de nombreux analystes pressentaient l’ampleur de la psychose autour d’une maladie moins dangereuse qu’une grippe saisonnière. En septembre 2009, on pouvait ainsi lire dans les colonnes du Monde Diplomatique : « Pendant que les nations industrialisées multiplient les mesures préventives susceptibles de limiter l’impact économique et sanitaire d’un virus certes très contagieux mais — pour le moment — peu létal, des voix s’élèvent pour dénoncer un emballement politico-médiatique. Il est impossible de traiter du risque comme d’une réalité objective. Les grandes peurs — de la technologie, de l’étranger, du terroriste, de la maladie... — se multiplient, parfois attisées par qui y trouve son compte. […] Au fond, la panique suscitée par la grippe tend un miroir aux sociétés. S’y reflètent les intérêts, les fantasmes et l’ombre d’une régression obscurantiste qui prête aux scientifiques de noirs desseins. » (Z4)
Le parallèle n’est pas anodin puisque l’actuel préfet de la Haute-Savoie est, une nouvelle fois, à la tête d’une psychose sanitaire qui conduit l’Etat à agir de façon irrationnelle et déconnectée du monde scientifique. Malheureusement, ce responsable, nommé et non élu, semble aujourd’hui avoir plus d’influence sur la société que les préconisations éclairées des groupes d’experts. Pour l’anecdote, tout comme Philippe Martin, ancien ministre de l’Ecologie (qui a cautionné la première vague d’abattage), le préfet de la Haute-Savoie pratiquerait la chasse. (Z5) (Z6) "
* Petite précision : Contrairement à ce que laisse entendre un article du Messager, datant du 12 octobre 2016, la FRAPNA, association subventionnée, a refusé d'attaquer l'arrêté d'octobre 2013, et, au contraire, soutenait la décision du préfet en octobre 2013. Même si cela ne m'aide à me faire des amis, j'insiste sur ce conflit d'intérêts entre financement et engagement, car je suis convaincu qu'il est au cœur de cette affaire. Entre autres.