[Bargy] Abattages de bouquetins non testés : le gouvernement donne tort au préfet !
Le 16 septembre 2015, afin de lutter contre une épizootie de brucellose touchant des bouquetins, le préfet de la Haute-Savoie a ratifié un arrêté ordonnant la préservation d’un noyau d’environ 60 bouquetins sains, et l’abattage indiscriminé de tous les autres bouquetins du massif du Bargy (200 à 250 individus dont 60 % sont indemnes de brucellose).
70 bouquetins ont ainsi été abattus à l’aveugle durant l’automne 2015, et les abattages auraient pu reprendre durant le printemps 2016… Mais la ministre chargée de l’Environnement, le ministre chargé de l’Agriculture et la secrétaire d’Etat chargée de la biodiversité viennent officiellement de demander au préfet de « modifier l’arrêté préfectoral du 16 septembre 2015 de façon à ce que n’apparaisse plus la notion d’abattage d’animaux non testés ». (Pour rappel, les tests sérologiques sont désormais rapides à réaliser sur le terrain.)
Cet ordre ministériel est conforme à la pétition lancée le 11 octobre 2013 sur ce blog qui demande la préservation de tous les bouquetins dont le statut sérologique est soit inconnu soit négatif à la brucellose. Pétition signée par plus de 77 300 citoyens. Le préfet va donc devoir céder à sa hiérarchie, et renoncer à cet abattage total qu’il défendait encore sur un plateau de télévision en septembre 2014.
La raison l’emporte enfin sur la peur, mais avec un retard de plus de deux ans et demi, ayant condamné aux alentours de 400 bouquetins, animaux protégés par la loi française et la convention de Berne.
Dans leur lettre au préfet, les deux ministres et la secrétaire d’Etat font mention d’une expertise de faisabilité de la vaccination des bouquetins des Alpes. Comme expliqué sur ce blog depuis plus de deux ans et demi, ce point doit être étudié avec sérieux. En effet, dans son avis de juillet 2015 (page 22, entre autres), l’Agence Nationale de Sécurité Sanitaire précise que seuls les scénarios incluant un programme de vaccination des bouquetins semblent pouvoir permettre une éradication de la brucellose du massif du Bargy. A l'inverse, en désorganisant la population de bouquetins, les abattages massifs participent à diffuser l’infection, et ont un effet contraire à celui recherché.
Espérons que le gouvernement ne change pas de cap (abattages restreints aux animaux séropositifs et étude de faisabilité d’une campagne de vaccination). Dans le cas contraire, une protestation pourrait à nouveau émerger…
Par ailleurs, au-delà de la revendication initiale de la pétition, il n'est pas exclu que la vaccination suffise à éradiquer la brucellose du massif du Bargy : le cas échéant, l'abattage des animaux séropositifs pourrait donc être écarté.
Afin d’éviter tout nouveau revirement de l’Etat, afin d’éviter que d’autres bouquetins soient abattus inutilement, il semble raisonnable de continuer de partager et de signer la pétition.
Que vivent les bouquetins !